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WONDERLAND

hypnose démocratique, sorcellerie capitaliste et société du spectacle

Une série

de Spectacles

d'hypnose

de mentalisme

et de magie

en auto-stop artistique

dans les rues

et sur les routes

épisode 101 : Torches of freedom, portrait d'un sorcier du XXème siècle.

épisode 102 : Père Noël, entre chamanisme et coca-cola.

épisode 103 : RE(co)-Naissance

épisode 104 : Djiin ou fétiche, l'Argent n'a pas d'odeur ?

épisode 105 : Cupidon s'en fout.

Synopsis :

 

   Dans une rue touristique de France, un individu anonyme, portant un miroir sur lequel est écrit « Wonderland » interpelle les passants, créé un attroupement et commence à raconter des fables, des mythologies contemporaines, tout en faisant vivre à quelques volontaires des situations extra-ordinaires, à la limite de la magie.

  Rien ne différencie cet individu du reste des passants, sinon ce qu'il est entrain de leur faire vivre :
entre catalepsie, anesthésie, hallucination et état de conscience modifié, les spectateurs et les sujets de cette expérience vont rencontrer une personnalité discrète comme Edward Bernays, sentir dans leur corps comment certains mots transforment une réalité collective, voir les effets miraculeux de l'imagination qui s'ignore quand une société entière s'en saisi sans s'en rendre compte...

   Pour chacun de ces récits, une petite poignée de volontaires se prêtent au jeu et traversent des situations en apparence impossibles qui corroborent les informations évoquées par cet individu anonyme, avatar de cupidon ou de morphée selon les heures...

Ce Qu'ils en ont pensés : 

 la Reine de Coeur :

"Vous n'avez pas le droit de dire que le capitalisme est comme « un système sorcier sans sorcier pour le faire fonctionner », et ni à partir de la grille de lecture que vous offre l'hypnose ericksonnienne, l'hypnose de spectacle et la prestidigitation, de vous efforcer de jeter un coup d'oeil renouvelé ou peut être plutôt très très ancien sur la culture néo-libérale : un regard de magicien sur notre Wonderland."

 Le chapelier:

 

"Tout le monde est donc devenu fou ? Pourquoi avoir cherché à les déshypnotiser ? Ils se sont mis à courir dans tous les sens, lorsque vous avez dit que le système culturel dans lequel nous vivons utilise des mécanismes visant à réutiliser notre désir à son profit. Croyant lutter contre, nous nous retrouvons involontairement à son service par une espèce de capture dont le fonctionnement est comparable à ce qu'on appelle le « rapt de l'âme » dans les sociétés ayant recours aux systèmes magiques. Et alors ?! Laissez nous tranquille !"

 Le lapin blanc :

 

"Les gens sont comme moi, ils cherchent des questions à leurs réponses.

Il n'y a pas de raison pour que les lois qui régissent l'écriture de nos rêves soient moins réelles que les rêves qui régissent l'écriture de nos lois. Wonderland, c'est de l'anglais, ça veut dire :  le pays des merveilles.

Il ne tient qu'à toi que ce soit le cas ! Follow me !"

Père Noël, entre chamanisme et cocacola
"L'optimiste croit que tout est possible,
le pessimiste le sait."

"Ce n’est pas un être mythique, car il n’y a pas de mythe qui rende compte de son origine et de ses fonctions ; et ce n’est pas non plus un personnage de légende puisque aucun récit semi-historique ne lui est attaché. En fait, cet être surnaturel et immuable, éternellement fixé dans sa forme et défini par une fonction exclusive et un retour périodique, relève plutôt de la famille des divinités ; il reçoit d’ailleurs un culte de la part des enfants, à certaines époques de l’année, sous forme de lettres et de prières ; il récompense les bons et prive les méchants. C’est la divinité d’une classe d’âge de notre société (classe d’âge que la croyance au Père Noël suffit d’ailleurs à caractériser), et la seule différence entre le Père Noël et une divinité véritable est que les adultes ne croient pas en lui, bien qu’ils encouragent leurs enfants à y croire et qu’ils entretiennent cette croyance par un grand nombre de mystifications."

"D’où vient que les enfants aient des droits, et que ces droits s’imposent si impérieusement aux adultes que ceux-ci soient obligés d’élaborer une mythologie et un rituel coûteux et compliqués pour parvenir à les contenir et à les limiter ? On voit tout de suite que la croyance au Père Noël n’est pas seulement une mystification infligée plaisamment par les adultes aux enfants ; c’est, dans une très large mesure, le résultat d’une transaction fort onéreuse entre les deux générations. Il en est du rituel entier comme des plantes vertes – sapin, houx, lierre, gui – dont nous décorons nos maisons. Aujourd’hui, luxe gratuit, elles furent jadis, dans quelques régions au moins, l’objet d’un échange entre deux classes de la population..."

"Si les enfants sont exclus du mystère des katchina, ce n’est donc pas d’abord ni surtout, pour les intimider. Je dirais volontiers que c’est pour la raison inverse : c’est parce qu’ils sont les katchina. Ils sont tenus en dehors de la mystification, parce qu’ils représentent la réalité avec laquelle la mystification constitue une sorte de compromis. Leur place est ailleurs : non pas avec les masques et avec les vivants, mais avec les dieux et avec les morts ; avec les dieux qui sont les morts. Et les morts sont les enfants. Nous croyons que cette interprétation peut être étendue à tous les rites d’initiation et même à toutes les occasions où la société se divise en deux groupes."

"Il est révélateur que les pays latins et catholiques, jusqu’au siècle dernier, aient mis l’accent sur la Saint-Nicolas, c’est-à-dire la forme la plus mesurée de la relation, tandis que les pays anglo-saxons la dédoublent volontiers en ses deux formes extrêmes et antithétiques de Halloween, où les enfants jouent les morts pour se faire exacteurs des adultes, et de Christmas, où les adultes comblent les enfants pour exalter leur vitalité."

"La croyance où nous gardons nos enfants que leurs jouets viennent de l’au-delà apporte un alibi au secret mouvement qui nous incite, en fait, à les offrir à l’au-delà sous prétexte de les donner aux enfants. Par ce moyen, les cadeaux de Noël restent un sacrifice véritable à la douceur de vivre, laquelle consiste d’abord à ne pas mourir.

Avec beaucoup de profondeur, Salomon Reinach a écrit une fois que la grande différence entre religions antiques et religions modernes tient à ce que « les païens priaient les morts, tandis que les chrétiens prient pour les morts » 3. Sans doute y a-t-il loin de la prière aux morts à cette prière toute mêlée de conjurations que, chaque année et de plus en plus, nous adressons aux petits enfants – incarnation traditionnelle des morts – pour qu’ils consentent, en croyant au Père Noël, à nous aider à croire en la vie. Nous avons pourtant débrouillé les fils qui témoignent de la continuité entre ces deux expressions d’une identique réalité. Mais l’Église n’a certainement pas tort quand elle dénonce, dans la croyance au Père Noël, le bastion le plus solide, et l’un des foyers les plus actifs du paganisme chez l’homme moderne. Reste à savoir si l’homme moderne ne peut pas défendre lui aussi ses droits d’être païen."

Claude Lévi-Strauss,

 Le Père-Noël Supplicié.

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